Job de Rêve International

Comment Lucas a trouvé un emploi à Bruxelles dans les affaires européennes

Bonjour,
Le rêve de Lucas était de travailler dans les affaires européennes en Belgique. Je l’ai donc interviewé pour savoir comment il a fait pour décrocher un emploi à Bruxelles.
 

 
 

Adriana: Bonjour Lucas

 
Lucas: Bonjour
 
Adriana: Tu es parti à Bruxelles il y a quelques années pour y travailler et je me suis dit que ton expérience pourrait intéresser tous ceux qui souhaitent aussi s’installer en Belgique. Peux tu te présenter?
 
Lucas: Je m’appelle Lucas, je suis toulousain, j’ai 25 ans. J’ai vécu à Bruxelles pendant deux ans, jusqu’en décembre dernier où j’ai travaillé dans le milieu des affaires européennes. Auparavant, j’ai fait mes études à Science-Po ainsi qu’un master spécialisé en affaires européennes car j’étais très attiré par ces questions là.
 
Adriana: Pourquoi aller vivre en Belgique? Est-ce que d’autres pays t’intéressaient?
 
Lucas: La Belgique était vraiment ma cible et  tout particulièrement Bruxelles car les institutions de l’Union Européenne sont situées à Bruxelles: c’est le “coeur névralgique”, là où ça se passe pour travailler sur ces questions là.
Très tôt dans mes études supérieures, dès ma 2ème année d’études à Sciences Po, je savais que je voulais travailler dans le domaine des affaires européennes et j’avais d’ores et déjà ciblé mes stages et j’ai fait en sorte d’accumuler des expériences professionnelles à Bruxelles pour pouvoir préparer mon insertion professionnelle, une fois mes études terminées. 
 
Adriana: Tu es parti quand à Bruxelles?
 
Lucas: J’ai fait mon stage de fin d’études à Bruxelles, à partir de début 2013, pendant 6 mois au parlement européen en tant que assistant parlementaire stagiaire. Et j’ai enchaîné tout de suite après avec ma première expérience professionnelle en VIE (Volontariat International en Entreprise) comme “lobbyiste” pour l’industrie spatiale:  mon rôle était de défendre les intérêts de l’industrie spatiale auprès des institutions européennes. 
 
Adriana: Est-ce que tu avais déjà trouvé ton poste avant de partir en Belgique ou tu as cherché sur place?
 
Lucas: En fait, j’ai fait mon stage de fin d’études à Bruxelles entre mars et juillet 2013 et j’ai recherché un emploi pendant la période de ce stage. ça s’est bien “goupillé” car j’ai pu enchaîner avec mon premier emploi directement à la fin de mon stage .
 
Adriana: Comment s’est passé cette recherche d’emploi, en termes de CV, lettres de motivation.. est-ce que c’est différent par rapport à la France?
 
Lucas: Le milieu des affaires européennes est un peu particulier, dans la mesure où la notion de réseau est très importante, plus encore que dans d’autres secteurs parce que c’est un petit microcosme:  tout le monde se connaît, tout le monde connaît quelqu’un, qui connait quelqu’un qu’on connaît. D’un côté, c’est bien car on peut être facilement recommandé mais ça demande de vraiment bien travailler cette dimension relationnelle. Si on n’est pas connu ou qu’on n’est pas recommandé par quelqu’un avec qui on a travaillé, ça peut être pénalisant. Si on n’a pas de réseau, ça peut être rédhibitoire. Il y a énormément de concurrences car il y a des candidats qui convergent de tous les états membres de l’Union Européenne. Savoir parler plusieurs langues étrangères est un élément très positif. Nous, les français, nous ne sommes pas forcément bien lotis de ce point de vue là, surtout quand on est en concurrence avec des jeunes venant d’Espagne Italie, Europe de l’Est ou Europe centrale qui parlent 4-5 langues… Si on parle péniblement l’anglais, il faut s’accrocher et en général les candidatures ne sont pas retenues même si on a un diplôme bien reconnu. Mais ça nécessite de savoir bien utiliser son réseau. 
Moi, j’avais eu la chance d’avoir plusieurs expériences de stages à Bruxelles, qui m’avait permis de rencontrer du monde, des expériences associatives aussi dans le cadre desquelles j’avais réussi à me créer un petit réseau que j’ai su mobiliser pendant ma recherche d’emploi notamment pour cibler une personne.
 
Adriana: Du coup, pour décrocher ton VIE,  tu n’es pas passé par le site web dédié civiweb.com ?
 
Lucas: La publication des offres sur civiweb.com est une obligation légale mais je savais que l’offre serait diffusée avant qu’elle ne soit effectivement publiée sur civiweb. Donc j’ai pu me préparer. Je connaissais un peu les acteurs clés, j’avais un aperçu sur les modalités de recrutement, sur l’environnement dans lequel l’entreprise interagissait et ça m’a beaucoup aidé. A Bruxelles, dans le milieu des affaires européennes, si on attend que l’offre tombe sur civiweb, c’est souvent déjà trop tard. 
 
Adriana: Ca a été aussi pareil pour moi quand j’ai décrocher mon VIE aux États-Unis en 2005. L’offre, d’ailleurs, n’était resté qu’une journée sur le site dédié au VIE.
 
Lucas: Oui, il faut être bien renseigné et au bon moment. Cela rejoint ce que je disais sur la notion de réseau, ce qui est important aussi à Bruxelles, c’est la notion de confiance. Ces métiers sont plus ou moins politiques,  il y a une grande dimension de relations publiques. Les recruteurs on besoin d’avoir confiance au candidat, ils seront sensibles à la manière dont il va délivrer les messages, sa façon de parler en publique. Par rapport à des candidatures normées, qu’ils reçoivent par dizaines, les employeurs préfèrent embaucher quelqu’un qu’on leur a recommandé, d’où l’importance du réseau.
 
Adriana: Et au niveau du CV et des lettres de motivation, c’est pareil qu’en France?
 
Lucas: Le CV en Belgique  est assez proche du CV en France. Par contre, il est parfois nécessaire de rédiger un CV en anglais parce que l’environnement est assez anglophone même pour des entreprises françaises.
 
Adriana: Pourtant on pense plus au flamand et au wallon qu’à l’anglais en Belgique?
 
Lucas: Alors, le microcosme des affaires européennes est un environnement international donc l’anglais est très important. Par contre, à Bruxelles hors du domaine des affaires européennes, comme par exemple le marketing ou dans un autre secteur, là le flamand peut être important car Bruxelles est une ville bilingue: donc dans les requis, il faut savoir parler français et flamand. Pour travailler dans les affaires européennes, le flamand n’est pas requis. 
 
Adriana: Et comment s’est passé ton entretien d’embauche?
 
Lucas: J’ai eu un entretien d’embauche décomposé en plusieurs phases.Tout d’abord, j’ai eu une épreuve écrite en anglais sur un sujet d’actualités en lien avec la politique spatiale européenne, le secteur pour lequel je postulais. Puis j’ai eu un entretien de motivation avec un jury de plusieurs personnes: mon futur employeur, certains de ses collègues qui ne travaillent pas directement dans l’industrie mais qui  faisaient partie de son réseau.
 
Adriana: Tu as mis combien de temps pour trouver ce poste?
 
Lucas: ça m’a pris 4-5 mois car j’avais commencé à chercher dès le début de mon stage.
“Savoir pour prévoir, prévoir pour pouvoir”
 
Adriana: Selon toi, qu’est-ce qui fait qu’on t’a embauché toi, plutôt qu’un autre candidat?
 
Lucas: Il faudrait le demander à la personne qui m’a embauché.
Je parle 3 langues, français, anglais et espagnol. Ce qui n’ a pas forcément été à mon avantage car j’ai su après coup que le recruteur aurait préféré que je parle allemand car c’est une langue qui est assez importante au niveau des institutions européennes. 
Je pense que ce qui a fait la différence c’est que grâce à mes précédents stages et mon réseau, j’étais en mesure d’être opérationnel plus rapidement, du moins en théorie et j’avais également une petite débrouillardise qui fait que je pouvais être formé plus rapidement. Je n’étais pas crispé, je n’allais pas être en demande tout le temps et au contraire j’allais pouvoir être proactif.
 
Adriana: Néanmoins, tu avais un bon niveau de langue?
 
Lucas: Oui j’avais un niveau professionnel d’anglais et d’espagnol. 
 
Adriana: Le fait de parler plusieurs langues déjà montre que tu peux en apprendre une autre facilement.
 
Lucas: L’allemand n’est pas une langue facile à apprendre et ce n’était pas mon objectif. Mais il est vrai que parler plusieurs langues montre une certaine ouverture d’esprit, une certaine flexibilité que les recruteurs cherchent toujours plus ou moins à Bruxelles.
 
Adriana: ça a été un handicap pour toi de ne pas parler allemand?
 
Lucas: ça ne m’a pas manqué directement. Mais si j’avais su le parler, je sais que j’aurais pu déployer d’autres activités que je n’ai pas été en mesure de faire mais ça n’a pas été rédhibitoire, ça aurait été un plus.
 
Adriana: Comment les français et les francophones en général sont perçus à Bruxelles? Est-ce que c’est un avantage ou un inconvénient?
 
Lucas: C’est à double tranchant. La France bénéficie encore d’un gros prestige à l’international même si Bruxelles n’est pas très loin. Les formations françaises sont reconnues. Les universités en général ont une bonne réputation, pas que les grandes écoles. En cela, c’est un plus.
Après, le côté négatif, c’est qu’on peut être vu comme un peu orgueilleux ou arrogant. Il faut se défaire de cette image même si l’on sait que la France a été un grand pays, il faut éviter de confirmer cette arrogance, faire preuve d’humilité pour s’adapter à un milieu international où la France est un grand pays mais il y en a d’autres.
 
Adriana: Comment ça s’est passé concrètement pour toi une fois que tu as décroché ce poste notamment au niveau administratif?
 
Lucas: En tant que citoyen Européen, c’est relativement facile: il y a une proximité importante au niveau culturel entre la France et la Belgique, Bruxelles tout particulièrement. Mais la Belgique est un peu compliqué au niveau administratif car c’est un état fédéral donc il y a le niveau régional, le niveau communal. Par exemple, Bruxelles est une région qui comporte 22 communes qui ont chacune des compétences importantes. Donc d’une commune à une autre, ça peut être très différent, l’administration à laquelle vous vous adressez peut aussi changer, avec des particularités. Il y a souvent des délais assez longs. De ce point de vue là, ça peut être assez complexe. Mais de façon générale, c’est un peu comme en France. 
 
Adriana: Quelles sont les principales démarches administratives à Bruxelles?
 
Lucas: Comme dans n’importe quel pays, il faut aller au consulat pour signaler sa présence. Il faut aussi se déclarer à la commune  pour être potentiellement imposable. Et après c’est assez simple.
 
Adriana: Comment s’est passée ton installation? ta recherche de logement?
 
Lucas: C’est assez facile de trouver un logement à Bruxelles, du fait de ce milieu européen. Il y a beaucoup de turn over, de passage. En colocation, c’est assez facile de trouver des offres à moindre prix. J’ai expérimenté différents modes de recherche: par internet, des groupes facebook très actifs comme “Bruxelles à louer” où il y a beaucoup d’offres qui circulent et aussi par du bouche à oreille; et en plus pour des loyers modiques, équivalents à des loyers que l’on retrouve en Province en France, rien à voir avec Paris où je vis aujourd’hui. 
 
Adriana: ça a été assez facile pour toi de t’intégrer avec des belges et aussi des personnes d’autres nationalités vu que j’imagine que Bruxelles est une ville très cosmopolite?
 
Lucas: Certes, c’est une ville très cosmopolite mais les belges sont très ouverts et très chaleureux. C’est facile d’aller leur parler. Ce qui fait le charme des affaires européennes, c’est que c’est très cosmopolite: dans une même rue vous pouvez entendre parler 4-5 langues différentes. Vous rencontrez des anglais, des espagnols, des allemands, des italiens… c’est quelque chose qui m’attirait. C’est relativement facile de s’intégrer pour peu qu’on sache parler d’autres langues étrangères.
Les étrangers parlent français mais si on est capable de parler dans une langue étrangère, c’est encore mieux. 
 
Adriana: Qu’est-ce qui t’a surpris agréablement ou pas pendant ton séjour en Belgique ?
 
Lucas: Ce qui m’avait surpris au tout début, c’est l’ouverture des belges. Je suis arrivée avec mes grosses valises la première fois, je devais tout de suite visiter un appartement. Je ne savais pas où c’était, je n’avais pas de smartphone à l’époque, j’ai demandé l’adresse à des gens et ils sont venus spontanément m’aider, m’indiquer où aller, pendant plusieurs minutes et de façon assez insistante. ça ne se serait jamais passé comme ça à Paris. ça m’a donné un a-priori très positif des belges.
 
Adriana: Tu n’a pas eu envie d’apprendre le flamand là bas?
 
Lucas: Au tout début oui car je me disais quand même tu arrives dans un pays où il y a deux langues officielles et c’est la moindre des politesses d’apprendre le flamand pour s’intégrer facilement, montrer au moins qu’on veut apprendre la langue.  Mais au fil du temps je me suis rendu compte que je n’avais pas le temps et que ce n’est pas du tout indispensable pour la vie de tous les jours. Je dois admettre que je n’ai finalement pas fait cet effort là mais ça ne m’a jamais été préjudiciable.
Quand on vit à l’extérieur de Bruxelles, notamment en Flandres, là c’est indispensable mais au sein de Bruxelles, ce n’est pas obligatoire. 
 
Adriana: Et au niveau de ton travail, comment ça s’est passé avec tes collègues, ton responsable à Bruxelles?
 
Lucas: Je travaillais dans une petite structure donc il n’y avait pas de gros problèmes de hiérarchie. J’étais assez libre de faire ce que je voulais, ça se passait plutôt bien.
En tant que lobbyiste pour l’industrie spatiale, nos activités avaient deux dimensions principales:
– une dimension qui était de suivre toute l’actualité de la législation européenne pour voir ce qui pouvait impacter l’activité de nos membres, les gros industriels du spatial en Europe. Le but était de les informer dès qu’une information était susceptible de les intéresser, voir s’ils souhaitaient qu’on agisse ou réagisse et qu’on se positionne par rapport à ça.
– l’autre dimension est que nous avions des groupes de travail où nous réunissions nos membres sur un certain nombre de thématiques. Le but étant d’arriver à un consensus, une position commune pour que l’on puisse le communiquer auprès des institutions européennes et ainsi avoir une influence sur le long terme sur la législation européenne qui implique l’industrie spatiale.
 
 
Adriana: Si j’ai bien compris, maintenant tu habites à Paris?
 
Lucas: Alors, j’habite Toulouse et Paris avec des déplacements fréquents à Bruxelles 
 
Adriana: Tu es rentré quand en France?
 
Lucas: Je suis rentré en France en décembre dernier. 
 
Adriana: Tu fais quoi aujourd’hui?
 
Lucas: Aujourd’hui, je suis consultant pour un gros cabinet de conseil, toujours dans le secteur de l’industrie spatial, la politique spatiale européenne. Mes principales missions sont en lien avec la Commission Européenne et la politique spatiale. Mon VIE a été un tremplin pour basculer vers un CDI (Contrat à Durée Indéterminée) car je suis en CDI actuellement. Et il y a toujours un lien entre mon ancienne activité et l’actuelle. C’est plutôt un message d’espoir!
 
Adriana: Qu’est-ce que t’a apporté cette expérience belge?
 
Lucas: Je pense que comme toute expérience internationale, ça m’a apporté une certaine ouverture d’esprit, une certaine flexibilité. En effet, quand tu arrives, tu ne connais personne, tu dois t’adapter à un nouvel environnement même si la Belgique n’est pas très exotique. Mais quand même c’est pas le même pays, on n’a pas les mêmes magasins ni la même façon de vivre. Je pense que cette flexibilité dans la vie de tous les jours et aussi dans le travail m’a permis après, quand je suis rentrée en France d’être plus pro-actif, réactif, force de propositions, et adaptable à différents environnements de travail.
 
Adriana: Pour conclure, que conseillerais-tu à quelqu’un qui souhaite travailler pour la commission européenne en Belgique?
 
Lucas: Je leur conseillerais déjà d’avoir un bon parapluie, même plusieurs car le climat est un peu humide surtout quand on vient du sud de la France. Comme on dit à Bruxelles, il fait beau plusieurs fois par jour  🙂
Plus sérieusement, dans le milieu des affaires européennes, je conseillerais vraiment de s’accrocher pour faire des stages qui correspondent à un vrai projet professionnel, savoir où on veut aller, développer son réseau tant sur Bruxelles qu’en France: dans le domaine des affaires européennes, on peut également développer son réseau en France pour être bien armé et ne pas arriver comme beaucoup trop de jeunes professionnels, à Bruxelles, un peu démuni et être contraint d’enchaîner les stages. La concurrence est très forte. On peut vite se retrouver un peu coincé. Il faut vraiment préparer son projet en amont pour en retirer le meilleur une fois sur place. Il faut aussi bien travailler les langues étrangères. 
 
Adriana: Merci Lucas pour ton témoignage.
 
Lucas: Merci Adriana
 
Alors, j’espère que cette interview vous a plu. Lucas nous a montré que c’était possible de décrocher le job de ses rêves. Il faut y croire et surtout avoir les bonnes méthodes pour le faire.
Vous pouvez télécharger le guide “10 astuces pour trouver rapidement un emploi dans le pays de vos rêves” en cliquant sur l’icone qui va apparaître juste ici ou le lien juste en base de la vidéo.
 
N’hésitez pas à m’indiquer dans les commentaires juste en dessous ce que vous avez pensé de cette interview. SI la Belgique vous tente, ou si vous souhaitez en savoir plus sur les emplois là bas ou un autre pays. 
 

2 reflexions sur “Comment Lucas a trouvé un emploi à Bruxelles dans les affaires européennes

  1. Emmanuel

    Salut Adriana,

    Très très sympa ta vidéo

    Très bonne initiative que d’aller interviewer des expats.

    Tu as trouvé une excellente voie pour ton site !

    Félicitations

    Emmanuel

    1. Adriana Auteur de l'article

      Merci Emmanuel,
      Je trouve que les témoignages d’expatriés ayant réalisé leurs rêves, montrent que c’est possible et j’espère bien motiver ceux qui souhaitent aussi le faire 🙂
      Adriana

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